Le bois évoquait toujours beaucoup de respect et d`admiration chez les peuples de l`Asie centrale. Le relief désertique et montagneux l`a valorisé énormement et ne permettait pas de l`utiliser dans une grande quantité. Chez nous, le bois est présent dans les parties les plus visibles des maisons, palais, constructions de culte comme les portes d`entrée et les colonnes.
On sculpte surtout le bois dur : celui d`archa (de genévrier local), de platane, d`orme, de poirier, ainsi que le bois de noyer. L’image est appliquée sur la surface lisse de l’arbre, à l’aide d’un modèle fait sur le papier calque ou bien à la main, à l’aide d’un compas, d’une règle et d’une équerre. La sculpture est le plus souvent effectuée par l`évidage de l’arrière-plan. Les ornements sont divisés en deux types — végétaux et géométriques. Les débats sur la signification et le symbolisme de l`ornement sont toujours très vifs. Dans le décor géométrique la plupart de spécialistes voient l`image du monde : le fond représente l`espace tandis que les motifs symbolisent la genèse. L’ornement végétal, dans ce sens, a acquis la charge sémantique plus importante. L’entrelacement des motifs végétaux, du fruit et de la fleur donnait la notion de l’unité du passé et du futur en exprimant l’idée de la création. L’ornement solaire, l` image stylisée du dragon ou la représentation des cornes de bélier jouaient le rôle protecteur. Les amandes, le poivre, la grenade apportaient de la prospérité et de la fertilité dans la maison.
Pour les touristes intéressés à la sculpture sur bois, la ville de Khiva, avec ses richesses et variétés d`ornements des portes en bois et des colonnes représente un véritable klondike. Les portails majestueux des médersas, les salles de réception des palais royaux, les colonnes des mosquées dans cette ville abondent de décorations sculptées sur le bois. On a du mal à trouver la palette si riche de motifs quelque part ailleurs en Asie centrale !
Tout le paradoxe de la situation réside dans le fait que la ville se trouve sur le territoire de l’oasis, entourée de toutes les côtés par les sables. Au mépris de ce fait Khiva avec ses magnifiques colones en bois est une vraie forêt dans le désert ! Très souvent les artisans faisaient des centaines de kilomètres pour se procurer la matière première si chère. Celà augmente encore plus la valeur de ce métier qui prospère toujours dans cette ville ancienne.
Silk Road Destinations inclut toujours la visite de l`atelier de sculpture sur bois au programme de visites de la ville. Jettons un coup d’oeil à l’un de ces ateliers ! A Khiva la sculpture sur bois est toujours artisanale. Comme plusieurs siècles avant, il n’existe pas de dispositifs automatiques, uniquement des mains sensibles et habiles du maître et de ses aprentis. Un ensemble d’outils se compose de 30 gouges et ciseaux de différentes formes et tailles. Le maître met le coupeur de gouge perpendiculairement à la surface du bois sculpté de sorte qu’il coïncide avec la ligne du motif dessiné, et frappe au-dessus de la poignée avec le marteau spécial. Pour attribuer de l’élasticité, le maître couvre le bois avec un chiffon humide. La méthode de conservation des objets sculptés est aussi intéressante ! Après avoir terminé la sculpture de la colonne ou de la porte, on les couvre de l`huile de coton brûlant. Un tel bois ne craint ni le soleil, ni l’humidité.
Les ateliers en question proposent non seulement la démonstration du procéssus mais aussi donnent les classes de maître. Sauf que pour apprendre toutes les subtilités du métier il y faut passer des années…